Immaterial Art Stock est un projet de recherche initié en 2012 par deux étudiants-chercheurs, Aurélie Herbet et Frederick Thompson, dans le cadre du laboratoire EN-ER (Espace Numérique-Extension de la Réalité) de l’EnsadLab. Ce projet est dédié à la conservation, la documentation et la diffusion d’œuvres réalisées au sein des espaces 3D partagés (de type Second Life, OpenSim ou Real Xtend). Dès les années 2000, des artistes se sont emparés des espaces hybrides, à la fois comme medium et comme espace d’exposition de leur travail. L’aspect tridimensionnel et la possibilité d’interagir, via un avatar, avec le public ont permis aux artistes d’initier de nombreuses formes plastiques telles que des sculptures, des installations, des performances mais aussi des concerts ou des projections de films. Ces œuvres, de par leur nature expérimentale et leur instabilité technologique, sont vouées à disparaître à court terme. En tant que plasticiens et chercheurs investis dans ces espaces et sensibles aux problématiques que ces œuvres soulèvent, il nous a semblé important de réfléchir à des techniques de sauvegarde. Dans cet article, nous présentons les principaux objectifs de notre projet (l’identification, la conservation et la documentation de ces œuvres), ainsi que les enjeux théoriques relatifs à cette initiative. Nous abordons les problématiques liées à la conservation de ces œuvres telles que l’obsolescence programmée des logiciels, la compatibilité des programmes ou encore le caractère éphémère de certains dispositifs artistiques. Quelle est la nature de l’œuvre déplacée de son contexte d’origine ? Est-ce seulement une « documentation » de l’œuvre initiale ? Un fragment, un « fantôme », une reproduction ? À travers cette contribution, il s’agira de soulever ces problématiques, mais aussi de réfléchir à des actions de sauvegarde plus pérennes que celles envisagées actuellement.
Article publié au sein de la revue Hybrid, revue des arts et médias numériques.
« La revue Hybrid s’inscrit dans le vaste champ de réflexion des humanités digitales. Elle met l’accent en particulier sur la relation entre les technologies numériques et les pratiques artistiques et littéraires, mais aussi sur la place du sujet dans les environnements numériques et les pratiques de recherche transformées par le numérique. La publication scientifique « augmentée », les approches du patrimoine numérisé et numérique, les formes et figures d’un art « post-numérique » et les enjeux de la formation à une « culture numérique », sont aussi au cœur des thèmes abordés par la revue Hybrid. »