Tentative d’épuisement d’un lieu (parisien 39 ans après)

Installation sonore et interactive, dimensions variables, en collaboration avec Frederick Thompson, 2013.

  • Tentative d’épuisement d’un lieu (parisien, 39 ans après), installation sonore et visuelle, 2013.

«  Il y a beaucoup de choses place Saint-Sulpice, par exemple : une mairie, un hôtel des finances, un commissariat de police, trois cafés dont un fait tabac, un cinéma, une église […], un éditeur, une entreprise de pompes funèbres, une agence de voyages, un arrêt d’autobus, un tailleur, un hôtel, une fontaine que décorent les statues des quatre grands orateurs chrétiens, un kiosque à journaux, un marchand d’objets de piété, un parking, un institut de beauté, et bien d’autres choses encore. »[1]

Tentative d’épuisement d’un lieu (parisien 39 ans après)  actualise la « performance » de Georges Perec ; En 1974, l’auteur s’est installé trois jours consécutifs place Saint-Sulpice à Paris et a noté, à différents moments de la journée, ce qu’il voyait : « les événements ordinaires de la rue, les gens, véhicules, animaux, nuages et le passage du temps. »[2] Ses descriptions ont donné lieu à un livre dans lequel il fait état de toutes ses observations « insignifiantes ». Pour Tentative d’épuisement d’un lieu (parisien 39 ans après), il ne s’agit pas de décrire, 39 ans après Perec, ce qui se déroule Place Saint-Sulpice mais de capturer les différentes ambiances sonores composant ce lieu. Durant ces trois jours, en se déplaçant autour des la place, Aurélie Herbet a ainsi collecté ces sons et en a réalisé un inventaire en les localisant sur la carte.

Ces captures sonores, issues de sa performance, sont dès lors la source, le matériau de l’installation interactive ; Le spectateur fait face à un plan dessiné du quartier Saint-Germain sur lequel figurent des marqueurs visuels. Avec ces marqueurs localisant les sons, il est invité à éprouver les différents ambiances sonores capturées quelques temps auparavant. Lorsque le spectateur se déplace dans le plan, qu’il tend l’oreille en saisissant au vol ce qui se donne à entendre, surgissent des images mentales le sollicitant à percevoir, à circonscrire et à reconstruire un lieu par ses composantes sonore même infimes soient-elles. Tentative d’épuisement d’un lieu (parisien 39 ans après) est donc une performance et une installation dans lesquelles entrent en résonance deux espaces.

La topographie sonore, réalisée après la performance, mène le spectateur à découvrir une autre perception d’un lieu circonscrit et urbain : ce n’est plus seulement un « état des lieux » de la Place Saint-Sulpice trente neuf après, mais une invitation à être attentif à l’espace qui  nous entoure, à « ce qui se passe quand il ne se passe rien, sinon du temps, des gens, des voitures et des nuages. »


[1] Georges Perec, Tentative d’épuisement d’un lieu parisien, Paris, Christian Bourgois éditeur, 1975, p. 9.

[2]  Ibid., quatrième de couverture.